« Il n’est jamais facile de parler de sa vocation »
Il n’est jamais facile de parler de sa vocation, et encore moins de savoir quand est-ce que celle-ci à commencer. Certainement, comme nous le lisons dans le livre du prophète Jérémie : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré » (Jr 1, 5). Quoiqu’il en soit, je crois que la mienne est particulièrement liée à Lourdes, au vu de ce que j’y ai vécu.
Après avoir grandit au bord de l’océan Atlantique, sur la Côte basque, et obtenu mon baccalauréat au début de l’été 2011, et avant de me lancer dans l’aventure des études supérieures à Toulouse, j’ai participé à mon premier grand évènement de Foi et d’Eglise à Madrid, à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) ce même été. C’est là, au cours de l’Adoration assez extraordinaire que nous avons vécu le samedi soir, à Cuatro Vientos, avec ces millions de jeunes pèlerins, en prière avec le Pape, que le Seigneur est venu me chercher, que son œuvre a commencé en moi et pour moi. Dans le bus qui nous ramenait à Saint-Jean-de-Luz cette nouvelle question me trottait dans la tête : « prêtre, pourquoi pas toi ? ». Elle faisait écho à une réflexion entendue du prêtre responsable de la Pastorale des jeunes du diocèse et qui nous avait préparé à vivre ce grand et beau pèlerinage. Il nous avait dit : « on ne revient jamais des JMJ comme on y est parti. » Avant de partir, je me demandais ce que cela voulait signifier, en revenant, je percevais une première partie de la réponse.
Cette question a trouvé comme un second souffle quelques semaines plus tard, à l’occasion du pèlerinage diocésain à Lourdes, en septembre. En discutant, sous la pluie, avec un prêtre du diocèse, au niveau de la passerelle de l’Accueil Notre-Dame, sur sa mission d’aumônier des jeunes, il m’a glissé : « si tu écoutes au fond de ton cœur le Seigneur qui t’appelle, alors tu seras éternellement jeune. » C’est ainsi que mon questionnement à commencer, que le Seigneur a commencé à me faire discerner le chemin de vie et de sainteté qu’il voulait pour moi.
Les trois années d’études qui ont suivi, entre Toulouse et Paris, dans les domaines de la Communication et de la Politique, m’ont permis de vivre pleinement le thème des JMJ de Madrid : « Enracinés et fondés dans le Christ, affermis dans la foi » (Col 2, 7). Pendant trois ans, accompagné par un prêtre, j’ai pu approfondir la question du sacerdoce ministériel, en m’engageant également dans la vie de l’Eglise, avec d’autres étudiants, au sein de l’aumônerie de l’Institut catholique ou à la Paroisse étudiante. En parallèle, un autre engagement a commencé, très directement et concrètement au service de mon prochain, dans le cadre du Pèlerinage national à Lourdes, en tant qu’hospitalier avec l’Hospitalité Notre-Dame de Salut. Cette expérience de service a été fondamentale pour discerner l’appel du Seigneur et prendre la décision d’y répondre.
C’est en septembre 2014 que j’ai commencé mon temps de formation et de discernement au séminaire. D’abord au Séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux pendant deux ans, avant de rejoindre Rome et le Séminaire français pendant cinq ans. C’est en juin 2020 que j’ai été ordonné prêtre pour le diocèse de Bayonne ; et j’ai eu la joie de pouvoir célébrer, dans les jours qui ont suivi mon ordination, une messe à la Grotte de Massabielle.
Aujourd’hui, comme chapelain du Sanctuaire, c’est la joie et la simplicité du service du Christ et de son Eglise, à travers les pèlerins, qui font ma joie de prêtre.
Témoignage de Romain et Marie
Notre couple c’est d’abord une histoire de conversion personnelle : dire oui à Dieu dans son coeur, le servir à travers le discernement de sa propre vocation. Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? Lui qui me connaît mieux que personne sait ce qui me rendra précisément heureux.
Nous, nous n’avions aucune chance de nous rencontrer un jour : un jeune homme lourdais, fêtard et plutôt éloigné de Dieu vivant à des centaines de kilomètres d’une jeune niçoise réservée. Et pourtant, Dieu avait un plan pour nous deux. C’est précisément lorsque nous avons tous les deux décidé de confier et d’offrir notre vie à Dieu que celle-ci a radicalement changé.
De manière complètement inattendue, nous nous rencontrions en pleine Semaine Sainte à la Grotte de Massabielle. Comme une confirmation de la volonté de Dieu pour nos vies, tout s’est enchaîné très rapidement: un magnifique mariage, une jolie maison, une petite fille, un petit frère… Et tant de petites choses au quotidien que nous ne percevons souvent pas. Et c’est bien là, au coeur de ce foyer, que nous essayons de vivre d’abord la mission de tout chrétien: aimer. Aimer, à chaque instant de la journée et de la nuit, aimer malgré la fatigue, les soucis parfois, en se rappelant toujours que nous sommes bien là où Dieu nous appelle, nous donnant sa grâce jour après jour pour atteindre l’objectif ultime de toute vocation: devenir des saints !
La vie consacrée : une histoire d’Amour avec le Christ
« Viens, et suis-moi ! »
Je suis très heureuse de vous partager ma joie, et l’histoire de mon cheminement avec Jésus.
Parler de vocation, c’est parler d’une histoire personnelle qui se vit au plus profond de son cœur.
Ma vocation est un appel de Dieu, sans aucun mérite de ma part ; c’est une histoire qui a commencé dès mon plus jeune âge : j’ai expérimenté la tendresse de Dieu alors que j’avais 12 ans. C’est à travers le service auprès des malades et de personnes âgées que cet appel s’est confirmé : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,31)
Oui, Seigneur, ton amour m’a saisie ! Ma famille m’a transmis la foi chrétienne et m’a appris à te prier. Seigneur, tu étais déjà bien présent dans cette prière, même si ce n’est que bien plus tard que j’ai pu nommer cette présence à la fois douce et forte.
Tu as creusé ma soif et mon désir. Quelque chose dans mon cœur me brûlait et m’attirait. Un désir immense. Ta douce présence en moi me pressait à te donner ma vie, mais je ne savais pas encore si c’était à travers la vie religieuse ou le mariage. La vie religieuse m’attirait davantage, mais j’ai voulu vivre l’expérience des fiançailles. Cela a été un combat, car je sentais que je n’étais pas heureuse. J’étais habitée par le désir de suivre le Christ de plus près, et je pensais que servir les pauvres était le moyen d’y parvenir.
Seigneur, tu m’as accompagnée, aimée et consolée lorsque j’étais découragée par les épreuves à traverser. Je te priais, et tu étais là… Ce désir d’amour a atteint son sommet à l’occasion d’un séjour durant lequel je travaillais avec les Filles de Notre Dame des Douleurs. Cette année-là, tu t’es manifesté à moi avec puissance ! « J’ai mis la main sur toi… » ( Ps 138 ) Joie, crainte, questionnements… Tout se mêlait avec force dans mon cœur ! Ton appel d’amour ne m’a en fait jamais quittée. Et aujourd’hui, je te rends grâce d’être enfin à toi pour toujours !
Ma vocation est aussi l’histoire d’un combat et d’une lutte…
A l’approche de la décision, le combat s’est transformé en lutte permanente : la perspective de quitter ma famille, la peine que je leur causais, le chagrin de quitter mon pays et sa culture, le départ vers l’inconnu… Mais je sentais, Seigneur, que tu m’attirais et que tu m’aimais au-delà de tout… Et que je ne serais vraiment heureuse que si j’acceptais de tout quitter pour te suivre. Que ton Amour est puissant seigneur !
Les combats ont duré durant les premières années de ma vie religieuse, mais tu as aidée été vainqueur, tu m’as aidé à traverser les souffrances, et cela n’a fait que renforcer mon désir de t’appartenir. Seigneur, je te rends grâce pour ce chemin parcouru, semé de joies, de combats et de souffrances : je sais qu’ils ont été porteurs de résurrection et de vie.
Ce OUI, je n’aurais pas pu le vivre sans la présence et le soutien de tous ceux que tu as placés sur ma route : mes parents, qui m’ont appris à te connaître ; mes accompagnateurs, qui m’ont écoutée et soutenue ; les personnes âgées, devant lesquelles je chantais, qui m’ont permis de comprendre que tu m’appelais à la suite de Marie Saint-Frai et le père Dominique Ribes, les Filles de Notre -Dame des Douleurs, qui m’ont aimée, portée et encouragée, et continuent de le faire.
Seigneur, je te rends grâce tout particulièrement pour les Sœurs qui ont été les plus présentes lorsque j’en avais besoin. Sois loué pour la vie fraternelle en communauté… Certes, elle n’est pas toujours simple, mais elle est vraiment source de joie et de vie !
Aujourd’hui, je peux affirmer que je suis heureuse, que j’ai trouvé le bonheur véritable que rien ni personne ne peut m’enlever, car ce bonheur c’est le Christ. Ce bonheur n’exclut pas la souffrance, les sacrifices, le découragement… Parce que l’amour exige de se donner soi-même, et parfois cela peut être très douloureux.
Donner ma vie pour le Christ dans la vie religieuse, c’est me laisser toucher par son regard de tendresse, et oser le suivre dans un abandon total, sans peur ni crainte des obstacles, car il est le Chemin et la Vie. Comme Jésus, je m’efforce d’être totalement disponible pour aimer, dans le respect des différences, ceux qui me sont proches. J’aspire à vivre mon engagement dans une grande liberté intérieure, selon le vœu de chasteté.
A l’exemple de Jésus qui est né pauvre et a vécu une vie toute simple à Nazareth, je mets ma confiance en Celui qui est la source de tout bien.
Mon OUI se fait dans cette joie intérieure qui m’habite, me guide et me soutient. Il faut du temps pour s’habituer à cette vie à laquelle le Seigneur nous appelle ; mais la présence du Christ à mes côtés est une source de joie : elle est ma force intérieure pour avancer, une joie paisible et profonde.
Ma vocation est vraiment un appel du Seigneur, car auparavant j’avais des projets tout autres.
Je désire profondément rester fidèle à ma vocation et essayer de faire davantage la volonté du Seigneur, ce qui est loin d’être facile. L’essentiel est de me laisser conduire : je n’ai pas d’autre désir que d’être là, fidèle à Dieu et docile à ce qu’Il veut de moi.
Deux mots me viennent à l’esprit pour parler de ma vocation : plénitude et gratitude. Le OUI définitif prononcé en 2014 fut une manifestation permanente de la présence de Dieu en moi et autour de moi.
La plénitude que j’en ai ressentie, mêlée à une grande paix, ne trouve d’autre expression qu’une immense gratitude. Gratitude envers Dieu qui ne cesse de se donner à moi et qui m’invite à accueillir son amour pour en vivre et pour le transmettre aux autres. La générosité du Seigneur n’a pas de limite. Lors de mes premiers vœux mon cœur débordait de joie et de paix en contemplant l’action de Dieu dans ma vie : Il m’a conduite patiemment et avec une grande tendresse jusqu’à cette étape importante.
Gratitude envers ma famille dans laquelle l’appel de Dieu a pu grandir et qui m’a tant donné. Mes parents m’ont permis d’expérimenter l’amour de Dieu.
Gratitude envers ma Congrégation qui accueille et confirme cet appel divin après dix ans de discernement.
Seigneur, tout au long de mon cheminement tu m’as dit : « Tu es à moi ! »
Oui, aujourd’hui je suis totalement à toi, et c’est pour moi la source d’un immense bonheur !
Donne-moi la force de demeurer fidèle à mon engagement, jour après jour.
Que ton Esprit Saint me guide et me conduise ! Je n’ai d’autre désir que de faire ce que tu attends de moi. Tu me donnes ton amour en plénitude, et cet amour je veux l’accueillir dans mon cœur et le communiquer joyeusement à ceux qui m’entourent.
Patiemment, avec une immense tendresse, tu m’as tenu la main et accompagnée jusqu’à ce jour. Béni sois-tu, Seigneur : tu es le Dieu fidèle éternellement !
Sœur Blandine-Démina de la congrégation Des Filles de ND des Douleurs
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